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L’horloge de l’apocalypse fait « conscients d'un danger imminent »


  • L'humanité n'a jamais été aussi proche de sa propre perte, selon les scientifiques qui travaillent sur l'horloge de la fin du monde.
  • Son emploi du temps a été avancé à 90 secondes avant minuit mardi, soulignant l'urgence de reconnaître et d'agir sur les dangers qui menacent la société.
  • Sur quoi s'appuient ces scientifiques ? A quoi sert cette douleur transmise symboliquement ? Réponse de Laurent Testot, journaliste scientifique et co-auteur de Vortex, Face à l'anthropocène (avec Nathanaël Wallenhorst dans l'édition Payot), contacté par 20 Minutes.



"Le ciel nous tombe dessus ! Déjà inquiets pour les Gaulois, du moins pour ces albums d'Astérix. Après plus de 2 000 ans, la fin du monde est vraiment proche. " Scientifiques du Bulletin of the Atomic Scientists Science and Safety Committee, basé sur contextes climatique, militaire et sanitaire, dont dix lauréats du prix Nobel, ont décidé d'avancer l'heure de l'horloge symbole « Apocalypse », qui est désormais de moins 90 secondes.
En d'autres termes, l'humanité n'a jamais été aussi proche de la catastrophe planétaire. Mais sur quoi s'appuient ces experts ? A quoi sert une telle alarme ? Est-ce trop stressant ? Laurent Testot, journaliste scientifique et co-auteur de Vortex, Face à l'Anthropocène (avec la version Payot de Nathanaël Wallenhorst), tente de répondre à ces questions dans un entretien accordé à 20 Minutes.

Sur quelles données les scientifiques du Bulletin of the Atomic Scientists s'appuient-ils ?

Il suffit de regarder le journal télévisé du soir ou d'ouvrir 20minutes.fr pour s'en rendre compte. Les menaces qui pèsent sur notre environnement et la stabilité du monde deviennent de plus en plus importantes et urgentes. Les experts ont tiré cette conclusion choquante en grande partie des événements actuels. "La menace à peine voilée de la Russie d'utiliser des armes nucléaires rappelle au monde que l'escalade - qu'elle soit accidentelle, délibérée ou erronée - est un risque terrible", a expliqué le groupe en dévoilant le nouveau calendrier.
Mais ce n'est pas seulement la guerre en Ukraine qui a ébranlé l'humanité. Les scientifiques ont également considéré "la menace permanente représentée par la crise climatique" et que "les événements perturbateurs, comme la pandémie de Covid-19, ne sont plus considérés comme des événements rares qui ne se produisent qu'une seule fois. Tous les centièmes d'année. Si cette horloge ne peut pas prédire l'avenir, dont la chronologie repose toujours sur "les inquiétudes d'un groupe d'experts dont les arguments reposent sur les conclusions de recherches scientifiques", désigne à 20 Minutes Laurent Testot.Si les chercheurs insistent notamment sur les risques liés à la guerre en Ukraine , soulignant ainsi la menace des armes atomiques, « On parle encore peu de forces nucléaires militaires, mais si le réchauffement climatique se conjugue à d'autres menaces, on se rapproche en fait de la fin du monde.

A quoi sert l'horloge apocalyptique ?

C'est une alerte, une manière de réagir, "pour faire prendre conscience du danger imminent", explique Laurent Testot. Le Bulletin of the Atomic Scientists a été fondé en 1945 par Albert Einstein et les scientifiques impliqués dans le projet Manhattan pour construire la première bombe atomique. À l'origine, après la Seconde Guerre mondiale, les horloges indiquaient minuit moins 7 minutes. En 1991, à la fin de la guerre froide, l'heure est retombée à minuit moins 17 minutes. Ainsi, l'horloge montre le désordre dans lequel se trouve l'humanité en ce moment. "C'est une métaphore des risques auxquels l'humanité est confrontée, rappelant que nous ne sommes pas à l'abri de la menace nucléaire et que la menace climatique s'aggrave", conclut Laurent Testot.
Pour tenter de désamorcer la bombe qui nous guette, citoyens, dirigeants et firmes économiques devront se laisser influencer par l'urgence de la situation. "Le trio opinion publique/pouvoir politique/pouvoir économique pourra faire en sorte que le monde réalise le bien commun de l'existence humaine", explique Laurent Testot.

Cela ne répand-il pas trop d'anxiété ?

La fin du monde, ou du moins la fin de la société telle que nous la connaissons aujourd'hui, n'est pas rassurante. Pourtant, tirer la sonnette d'alarme sur des sujets comme l'armement nucléaire ou le climat - comme le font souvent les experts du GIEC - semble nécessaire. "Pendant la guerre froide, il n'était pas certain que l'équilibre de la terreur fonctionnerait. Si une catastrophe nucléaire était évitée, cela aurait pu être une bénédiction", se souvient Laurent Testot. En particulier, selon le journaliste scientifique, "la guerre devient de plus en plus tactique et il y a un risque qu'elle [l'arme nucléaire] soit utilisée comme n'importe quelle autre arme".

Si le sujet est effectivement très angoissant, "ce n'est pas parce qu'il n'a pas été envisagé. Ce sont des questions politiques qu'il faut trancher ensemble", a-t-il souligné. Et d'ajouter : « Pas forcément conscients, on vit certes mieux, mais on est de moins en moins maître de son destin. Aussi, l'anxiété peut être un moteur de changement et vous mettre au combat. » Soit on abdique, soit on renseignez-vous », conclut Laurent Testot.

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