Main menu

Pages

GUY ROUX : "A Auxerre, s'il y a un manager, il lave aussi les maillots"



Guy Roux revient à Onze Mondial au milieu de sa remarquable carrière, avec la sortie du documentaire "Guy Roux, l'Histoire de France" sur Prime Video. Au cours de ses 44 années à la tête de l'AJ Auxerre, l'iconique entraîneur à chapeau a tout connu du monde amateur au sommet du football français. Guy Roux, 83 ans, est de retour en Ligue 1 avec un œil attentif sur le monde du football et son club préféré.



Bonjour Guy Roux, comment vis-tu depuis que tu as pris ta retraite du football professionnel ?

Je fais partie du conseil d'administration de l'école de football d'Auxerre, qui compte 450 enfants et 35 éducateurs, donc vous voyez, c'est beaucoup de travail d'encadrement, de budgétisation et de responsabilité, et cela me tient occupé. Je regarde beaucoup de football. J'aime aussi la politique. Je regarde la télé et lis beaucoup de livres. Quand il y a de grands événements, je lis Le Monde, Le Figaro. Je regarde aussi en moyenne sept matchs par semaine, des matchs internationaux, des matchs de Coupe d'Europe. Je fais aussi du vélo et je suis actuellement sur le Tour d'Espagne. Plus important encore, j'ai lu l'article pour comprendre, même si c'est de plus en plus difficile à comprendre. Quand j'étais jeune, il n'y avait que trois pays, la France, la Belgique et l'Italie. Maintenant, ils viennent du monde entier.

Comment expliquez-vous votre longévité sur le banc à Auxerre, vos 44 ans au club, un record européen ?

Tout s'est fait naturellement. C'est mon histoire. En 2000, j'ai failli chuter pendant un an en première division, j'étais très mauvais à un moment et on ne pouvait plus gagner. Tout le monde m'a laissé tomber, y compris Gérard Bourgoin (ancien président et vice-président de l'AJ Auxerre, ndlr). Il voulait ma tête, mais mon président (Jean-Claude Hamel, ndlr) est resté sous le choc. Après, j'ai vécu mon rêve quatre ans, deux Coupes de France, quatre Coupes d'Europe.

Comment vous construisez-vous avec le club, vous professionnalisez-vous pour passer du monde amateur à la première division ?


J'ai reçu une grande aide. D'abord Gérard Bourgoin et Jean-Claude Hamel, puis des centaines de personnes qui étaient alors bénévoles mais qui ne le sont plus. Nous avons plus de 600 bénévoles le soir des principaux matchs de la Coupe d'Europe.


De quoi êtes-vous le plus fier dans votre carrière ?

C'est tout. Les pages pleines, une des premières en France. Je l'ai moi-même.

Comment avez-vous décidé de devenir coach à 25 ans et de changer de direction si tôt ?

Je sais que je vais être entraîneur, mais je ne sais pas si ça va marcher. J'ai confiance en moi, oui. Je n'ai jamais de complexe d'infériorité car je connais mes limites. J'aurais pu me dire que je n'avais pas eu de chance et que mon entraîneur n'avait pas compris mon potentiel. Ma limite supérieure devrait être la 2e division, je ne suis qu'en 3e division. Bientôt, je me suis tourné vers une autre discipline, cousine de la première discipline.

Vous êtes connu pour avoir plusieurs emplois et peu de délégués, comment évaluez-vous les nouveaux employés et ceux en croissance ?


Vous pourriez penser que c'est bon pour le travail. Je suis seul, de la DH aux quatre premières années de première division. Après ça, on est deux jusqu'au bout, disons trois et un préparateur physique. Il y en a beaucoup plus maintenant. Je ne peux pas travailler comme ça, j'ai entendu dire qu'il y avait un spécialiste du coup franc dans certains clubs. Je ne l'ai pas vu marquer plus de buts que les autres. A la maison, s'il y a un coach de ligne, il lave aussi les maillots.


Les joueurs que vous avez entraînés ont de fortes personnalités, ce que beaucoup d'entraîneurs ont du mal à faire. Comment expliquez-vous votre succès ?

Je pense que cela fait partie de mon potentiel. J'ai toujours eu confiance en moi. À neuf ans, j'avais confiance en moi, mais je n'étais pas un bon élève.

Le documentaire coïncide avec le retour d'Auxerre en Ligue 1. Que pensez-vous de ce début de saison ?


C'est spécial tant que ça dure. Ils ont raté la première moitié du match 1 et n'ont rien raté depuis. Ils fonctionnent très bien. Ils ont juste fait une bêtise que Fran ne pouvait pas éviter parce qu'il ne se souciait que du football et de rien d'autre, alors il se faisait baiser de temps en temps. Ils étaient en retard, pas prêts, et tout le monde est parti en vacances. Je peux vous dire que si je suis en retard, je resterai là, je partirai trois jours et je reviendrai. Ils n'avaient pas fêté l'ascension puisqu'ils étaient partis tout de suite. La dernière semaine avant le tournoi a vu une série de séances d'entraînement avec des sponsors mardi soir, suivies d'une séance d'entraînement ouverte avec 3 000 spectateurs jeudi soir. En d'autres termes, ils ont été faits pour commémorer la victoire tout en préparant le prochain match. Vous ne pouvez pas vous amuser à faire autre chose afin de développer la concentration nécessaire dans votre tête pour jouer contre votre adversaire.

Cela vous rend-il heureux de voir votre club redevenir le footballeur d'élite ?


C'est un grand bonheur. Je pense qu'avec les moyens que Fran et les patrons chinois apportent, parce qu'évidemment il y a quelques millions par an, on peut mieux équilibrer le budget, et il y a une opportunité. Parfois, les investisseurs chinois vont et viennent au bout d'un an, ça fait quatre ans, il a payé, il est persévérant, et ça va.

Êtes-vous en contact avec Fran?


Oui bien sûr. De temps en temps je regarde un quart d'heure d'entraînement, pas grand chose à dire, me voilà, je me mets de côté et regarde. Puis, une fois par mois, et parfois plus quand on a du mal, je vais directement à son bureau. Mais voyez-vous, je n'y suis allé que trois fois la saison dernière. Vous ne pouvez pas dire que je l'ai influencé. Je l'assure de la fidélité de notre amitié. Parce que quand tu es en difficulté, tu perds un peu confiance, donc sentir que je suis là, ça peut finir par le solidifier. Le plus important, c'est qu'il m'aime bien. C'est un fan de football.


Ce documentaire comprend de nombreux témoignages de vos anciens joueurs, d'Eric Cantona à Lionel Charbonier, en passant par Djibril Cissé. En plus de vos contributions sur le terrain, tout le monde loue vos qualités humaines et votre rôle de père. Est-ce quelque chose dont vous êtes fier ?

Je ne l'ai pas fait pour ça, il y a eu des moments difficiles, très difficiles, et puis il y a eu des moments meilleurs. C'est moi, personne ne me dit jamais que je suis facile, mais j'essaie toujours d'être juste et je suppose que c'est pour ça, même si je ne suis pas toujours l'été.

Regrettez-vous parfois de ne pas avoir répondu à d'autres demandes pour d'autres postes, notamment lorsque vous êtes sollicité par l'équipe de France ?


(il interrompt) Non non. Je ne regrette pas de ne pas avoir joué en équipe de France. La première fois, j'ai refusé parce que je sentais que j'avais une très bonne génération de jeunes joueurs. Aussi, trois ans plus tard, nous avons fait des doubles, donc j'ai bien fait. (il rit). La deuxième fois, c'était après Aimé Jacquet (en 1998, après la victoire en Coupe du monde, ndlr), je le prendrais, mais mon président m'a dit "tu as un contrat et tu le respectes". Ils ont même fait un geste moins noble en demandant au président Simonette de ne pas me donner de contrat. Là, je le regrette. Mais que ferais-je alors ? Tu n'as pas été avec la France depuis 20 ans, Didier Deschamps en a depuis 10 ans, c'est énorme. Maintenant que les gens en ont assez, que va-t-il faire ? Il ne va pas reprendre le club, il le peut, mais il n'a pas l'habitude de se lever le matin. Certains disent être le président de la FFF, mais pas un exécutif, ni un homme politique. Ils n'écrivent que des noms. Pour être président, il faut être un politicien de qualité, et ce n'est pas du tout son affaire. Il a mauvais caractère, il est en colère.

Comment voyez-vous évoluer le football ?


Je pense qu'il y a toujours dix joueurs sur le terrain. On a changé le nom, pour ne pas dire le retour offensif, mais pour les Pistons, mais finalement ça n'a pas beaucoup changé.

Commentaires